1.Un monument historique inscrit

Le manoir a fait l’objet d’une inscription à la liste supplémentaire des monuments historiques le 28 décembre 1928, lors d’une campagne générale de recensement des monuments historiques du Calvados non encore protégés. Il est recensé dans la Base Mérimée et sur Monumentum.

L’environnement du site s’est modifié, puis détérioré, au cours du XIXe s.:

  • en 1774-75, relégation loin des échanges économiques suite à l’ouverture de la route d’Alençon à Honfleur (trait jaune à droite). L’axe auquel était adossé le manoir disparaît (trait jaune du milieu)
  • en 1858, ouverture de la voie de chemin de fer reliant Paris à Trouville; les rails passent à 30m du manoir (même dégâts au château de Boutemont) (trait jaune à gauche)

Le XXe s. a vu la situation empirer:

  • dans les années 1980, construction d’une station d’épuration à proximité, heureusement sans conséquences oflactives (zone UXi, d’abord à l’est des Mathurins, puis déplacée au sud)
  • à partir de 1982, construction de la zone industrielle à 150m, avec la présence de la centrale d’achat pour Leclerc Normandie – trafic de poids lourds très important
  • dans les années 2000-2010, construction à proximité de deux routes de contournement avec nuisances sonores
PLUi Intercom Lisieux-Pays d’auge-Normandie Monuments historiques et sites – pièce 8-3-5
Restitution du document précédent sur image satellite

Ce n’est que progressivement que la Direction régionale des Affaires culturelles de Normandie a pris conscience de l’importance de ce monument, unique en son genre:

  • d’abord, elle n’a guère fait respecter le périmètre de sauvegarde de l’environnement du site (loi de 1941)
  • ensuite, elle a saisi l’authenticité du lieu lors de l’instruction d’un premier permis de construire en 2006, sans pour autant mettre tout en œuvre pour le sauvegarder
  • enfin, elle s’est emparée du sujet en 2023 afin de tirer le monument hors du péril de destruction imminente où la période 2010-2022 l’avait plongé.

Grâce à ce sursaut, le diagnostic et le permis de construire sont ainsi assurés par Sébastien Broise, architecte en chef des monuments historiques, qui a soutenu sa thèse de concours sur les Mathurins. A la suite de son exposé, la conclusion du jury a été que le site méritait qu’on le classe.

Les idées ne manquent pas pour protéger le site de la pollution sonore et, en moindre partie, visuelle. Les paysagistes du château voisin de Boutemont, confrontés aux mêmes problèmes, ont planté une haie d’arbres de long de la voie ferrée et rempli les abords d’arbres bruissants et de jets d’eau – pour combattre le bruit, il lui en ont substitué un bien plus agréable.